L'équilibrothérapie

La thérapie
du corps
par l'équilibre

 

                       Ma vie d’artiste de cirque international depuis plus de 30 ans, m’a conduit à passer des milliers d’heures avec mon corps. J’ai vécu chaque seconde en me mettant au service de l’écoute fine pour trouver le geste juste, le moindre effort. Mon quotidien fût bercé par des entrainements fait d’éternels recommencements. Même si un geste était acquis, il fallait le répéter indéfiniment pour gagner en assurance et en brillance. Toujours affiner la sensation. Encore et encore. Ne jamais se reposer et sans cesse repousser les limites. À chaque marche envisager la suivante. Toucher l’inconcevable ! Se rendre unique ! Une vraie vie d’explorateur inconditionnel. Avec comme point de mire, la quête du graal : atteindre l’acte total pour encore plus de grandeur et inviter l’extase pour transcender mon humanité.

                      Et puis arrive l’âge où la fatigue prend le dessus, où le corps souffre, où le cœur n’y est plus vraiment. Quelque chose appelle le repos, le calme, le retrait. Je me retourne. Je regarde toute cette matière. Je me demande ce que va devenir toute cette sueur. Une mélancolie ? Un livre refermé ? Une valise de costumes ? Pourtant la jouissance de l’équilibre est toujours vibrante. La puissance de cette verticalité est toujours aussi enivrante. Alors quoi ? Perdre cette étincelle de vie qu’est l’équilibre ? Oublier la grandeur du corps incarné ?  Me ranger au placard ?

                     Non !  Je veux partager mes expériences,  donner à vivre l’équilibre,  inviter les corps à s’y plonger,  transmettre cette source si vaste,  offrir ce flux d’énergie. L’équilibre est l’expression de la vie. Il est la reliance entre le ciel et la terre. Immense et originel, il est bien plus vaste qu’un état physique. Il est l’essence de l’« Être ». Un corps qui visite l’équilibre, crie ses plaisirs, repousse ses fermetures et se redresse. Il s’ouvre. Il sourit et trouve la grâce quand l’esprit s’invite dans la danse. Ça tourbillonne, ça monte, ça descend, ça s’enlace… La beauté rayonne !!!

                     Voilà pourquoi je crois au pouvoir de l’équilibre. Combien de fois j’ai vu des corps se sublimer par l’équilibre ? Combien de corps j’ai vu révéler leur lumière à son contact ? J’ai osé regarder et prendre la mesure de ces perles de vie. Devant tant de splendeur, je ne pouvais pas en rester là. Une porte qui s’ouvre n’est que le premier pas pour visiter le paysage qui se déploie. Je décidais de ne plus me contenter de l’acte physique mais de visiter le pouvoir immense de l’équilibre sur l’Être pour encore plus de plaisir et de profondeur.

                     Dans mes ateliers j’ai arrêté la recherche de l’exploit, arrêté de mettre les élèves dans des situations forcément extrêmes. Non, d’être à 10 ou 20 cm du sol suffisait amplement pour visiter l’état d’équilibre. Par la simplicité apparente des exercices j’ai pu appeler à encore plus de présence, plus de conscience. En libérant l’élève d’enjeux trop impliquant je touchais l’essence de ce que l’équilibre peut révéler de la personne et de sa manière d’être au monde. Je suis passé d’ateliers d’équilibre à des ateliers du soi en équilibre.

                    Il y a un autre endroit où j’ai changé. De part mon métier, il m’arrivait très régulièrement de masser. C’était exclusivement pour de la détente relaxante. J’ai donc crée un protocole de massage que j’ai tout de suite appelé « le massage de l’équilibre ». Désormais, je posais une intention portée par toutes mes observations de ces corps transformés par l’état d’équilibre. C’était comme si je mettais dans mes mains les ressentis que les corps face à l’équilibre m’avaient donnés. Ma recherche pédagogique de l’équilibre s’évertuait ici à travers mes mains, et non plus avec mes mots, à redonner au corps sa fluidité globale. La recherche de la détente du muscle s’était également affinée pour une approche plus douce à travers les fascias. La décontraction du corps fût bien plus grande. Cela s’est aussi accompagné, à ma grande surprise, d’une détente psychique avec parfois des remontées émotionnelles inattendues. C’était vertigineux. Je me rendais compte qu’en mettant une intention sensible dictée par l’équilibre, j’avais un impact plus intense.

                     Je m’étais offert une vision du massage bien plus vaste, profonde et percutante. J’ai commencé à utiliser le mot « soin ». Pour perfectionner cette approche, j’ai eu l’idée de mettre, au préalable, la personne massée en situation d’équilibres pour que le massage soit directement connecté à ceux-ci et puisse être guidé par la réalité tangible du corps d’équilibre. C’est comme si le corps prenait sous mes mains l’allure d’une carte IGN. Ma lecture fût plus fine pour encore plus de plaisir et de résultats. J’avais retrouvé dans ce soin mes complicités d’antan avec l’équilibre. Mes savoirs trouvaient une nouvelle terre d’exploration. Mes intuitions habituelles autour du massage étaient désormais soutenues par ma longue pratique professionnelle de l’équilibre. Elles n’en étaient que plus efficaces.

                     L’exploration a cela de bien qu’elle nous emmène toujours plus loin, toujours plus profondément. J’ai tout naturellement rajouté une dimension en ayant l’idée de demander à la personne, en début de séance, de parler de son corps et du rapport qu’elle entretient avec celui-ci. Cela a permis d’affiner le choix des équilibres proposés et d’élargir mon spectre de connaissance pour aller vers une approche de plus en plus holistique. Une boucle venait de se boucler avec l’implication concrète de l’esprit dans ce soin. C’est comme si j’étais passé à une carte IGN en relief. La trilogie corps/psyché/soin fonctionnait superbement avec parfois l’une ou l’autre des parties qui prenait le dessus.

  L’équilibrothérapie était née.

                    Mon approche de l’équilibre était désormais complète. Que se soit pour moi en scène ou dans la vie, que se soit envers mes élèves ou mes patients, l’équilibre était un chemin vers la globalité de l’être, vers son épanouissement profond. Au delà de l’acte physique, outre le ludique il y avait la quête du bonheur intérieur et de la connaissance de soi.